Le dénommé Jacques Béhague, Vice Président UMP du Conseil Général des Hautes Pyrénées et Conseiller général, a publié sur son site le texte suivant, ensuite supprimé face au tollé:
"...Mr François HOLLANDE cultive la haine des riches, et ce depuis longtemps…
Une vidéo est d’ailleurs disponible sur Internet dans laquelle il affirme explicitement « qu’il n’aime pas les riches, qu’il en convient » !!!
Cette haine des riches a déjà été développée par Adolf HITLER au travers des juifs.
J’accuse Monsieur HOLLANDE de faire renaître ces mêmes haines qui ont conduit l’humanité dans ce que nous avons connu de plus effroyable et de nauséabonde.J’accuse Monsieur HOLLANDE de prôner le nettoyage ethnique de tous ceux qui auraient le malheur de « trop » gagner d’argent…
– Soit par la confiscation de leurs biens et de leurs revenus.
– Soit par l’incitation à l’émigration.
Monsieur HOLLANDE est donc
– Soit un criminel à l’encontre d’une population, celle des « riches », au même titre que Hitler en son temps quand celui-ci s’est lui aussi attaqué aux riches au travers des juifs.
– Soit un demeuré de ne pas s’en rendre compte !..."
La droite dure est friande de tels parallèles scabreux et hors de propos avec le nazisme et le fascisme. Aux Etats-Unis, Obama a fait face à une campagne qualifiant de "nazie" sa réforme mettant en place une assurance-maladie. En septembre dernier, lors de la réunion des ministres européens des Finances en Pologne, Maria Fekter, ministre autrichien des Finances, membre du parti conservateur ÖVP déclarait comme Béhague: « En Europe, nous sommes en train de forger une image hostile énorme des banques et des riches. Cela est déjà arrivé une fois, c’était en apparence contre les Juifs, et en fait on visait les mêmes milieux. Par deux fois cela s‘est terminé avec des guerres ! ».
En France C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui a donné le signal. Dès 2007, lors de l’Université d’été du MEDEF, en défense de la « dépénalisation du droit des affaires » N. Sarkozy avait utilisé la formule suivante :
« À quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Il avait été applaudi frénétiquement par son auditoire.
Nous écrivions alors : «… Peut on mettre en parallèle, comme le fait N.Sarkozy, la déportation des Juifs et un contrôle fiscal ? Comment cette image a-t-elle pu figurer dans un discours officiel et de telles paroles être prononcées par un président de la République ? Pourquoi il y a-t-il si peu de réactions? Qu'on imagine le scandale si Le Pen avait osé une telle déclaration… » (voir Sarkozy: nouveau dérapage sur Vichy )
Quelques mois plus tard, son épouse reprenait la même image ; interrogée par l’Express du 13 février 2008 sur la plainte déposée par Nicolas Sarkozy contre le site Internet du Nouvel Obs - qu'il accusait de "faux" à propos d'un SMS, Mme Bruni Sarkozy déclarait : « La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses. À travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de Juifs?... » Face au scandale, elle dut s’excuser et retirer ses propos.(voir Mme Sarkozy Bruni dérape à propos des Juifs et de la Shoah.)
Lors de l’affaire Woerth en 2010, face à l’enquête de la presse et notamment de Mediapart, les dirigeants de la droite ne cessèrent d’en appeler à la « presse fasciste » et aux années 30. Le ministre X. Bertrand devra d’ailleurs en répondre devant la justice (voir Woerth, Copé et le Front National : décryptage ).
A la même période, le 7 juin 2010, lors d'un débat au Conseil de Paris portant sur les projets de logements sociaux dans le 16e arrondissement, Goasguen, député maire de cet arrondissement qui compte 2,4% de logements sociaux contre plus de 30% dans des arrondissements de l'Est parisien, s'est emporté face aux critiques: "Si vous voulez, vous pouvez nous mettre une étoile jaune avec 16e écrit dessus".
Interrogé par des journalistes après la séance, Claude Goasguen, ne s’est pas excusé, mais s’est justifié en rappelant qu'il "aime" et "défend" la communauté juive. Il préside le groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée. C’est la ritournelle habituelle quand le retour du refoulé s’exprime au grand jour.( voir Frêche: raciste et antisémite! )
Il a aussi explicité et par là même confirmé son propos :"Quand je dis: est ce que je dois mettre l'étoile jaune ? entendez: je ne suis pas un pestiféré. Les habitants du 16e arrondissement ne sont pas des pestiférés", a- t- il souligné.
(voir Qui manipule l’étoile jaune ? ) .
Quelques semaines plus tard, mis en cause par un livre de Martin Hirsch à propos de ses conflits financiers d’intérêts (il est avocat d’affaires en même temps que député, maire...) Jean-François Copé a tracé un parallèle entre cette mise en cause et la dénonciation des Juifs pendant la guerre.(voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah).
Il a ainsi déclaré le 26 septembre 2010:«…Il se trouve que Martin Hirsch et moi nous avons un point commun que nous avons découvert en parlant : ses parents, comme mon père pendant la guerre, ont été sauvés par des Justes… Quand on a cette culture familiale, je ne dis pas que cela commande des obligations... Je dis simplement que l'on ne peut pas vivre les choses de la même manière… En lisant ce livre, je me suis demandé si, sans peut-être s'en rendre compte, il se livrait à un exercice de délation, qui n'est pas tout à fait à l'honneur de quelqu'un qui a sa qualité"
Ainsi selon Copé, Martin Hirsch, lui-même d’origine juive, agirait comme un de ces délateurs qui dénonçaient les Juifs aux nazis.
La droite UMP est engagée dans une campagne d'une extrême violence à l'égard de la gauche. Sarkozy donne le ton de cette recherche de tension, comme lors de la campagne de 2007. Il faut s'attendre à de nouvelles provocations dans les semaines qui viennent.
MEMORIAL 98