Au lendemain de la défaite de Sarkozy, alors que l’UMP cherchait des thèmes de campagne et une posture, Copé a, une fois de plus, choisi de se fournir auprès du Front National. En effet Louis Aliot, numéro 2 du Front a « vu » des drapeaux étrangers lors de la soirée du 6 mai à la Bastille. Immédiatement Copé a eu la même « vision » : la place de la Bastille envahie par des drapeaux « étrangers », à défaut de chars soviétiques comme lors de la campagne de la droite en 1981.
Ces « visions » sont à la fois mensongères et fantasmatiques: aucun des visionnaires n’était évidemment à la Bastille. Ils y auraient constaté une atmosphère très « française » avec une forte volonté de tourner la page de la division et de la stigmatisation.
Copé est prêt à surenchérir encore sur Sarkozy et à piocher dans les différentes inventions de l’extrême-droite, comme il l'a fait pour le halal et la burqua.
Il a même tenté à plusieurs reprises, en décembre 2010 puis en juillet 2011 de relancer le débat sur l’identité nationale, pourtant déjà abandonné par Sarkozy. (voir http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/cope-veut-relancer-le-debat-sur-l-identite-nationale-pour-2012-11-12-2010-1274150_240.php)
Il va maintenant faire imprimer 8 millions de tracts tricolores, flirtant ainsi avec la transgression des lois électorales qui interdisent cette confusion.
En effet Copé s’est positionné au sein de l’UMP comme dirigeant et porte-parole de la droite dure, ultra-libérale et xénophobe (voir Nationalité : Copé et l’UMP en embuscade.
Sarkozy et Copé aux côtés du Front National.
Woerth, Copé et le Front National : décryptage .)
Il a bâti son audience à travers la campagne contre la burqua, ce qui lui a valu de faire exploser à chaque fois l'applaudimètre des auditoires UMP.
Il a aussi appelé sans cesse à remettre en cause les 35h.
Les accords avec le FN ne le gênent pas, comme le prouve le fait suivant : il a recruté dans le club qui constitue sa garde rapprochée « Génération France" , un symbole de la collaboration directe avec le Front National, le sénateur (battu depuis) de la Lozère, Jacques Blanc.
Celui-ci a fait ouvertement alliance avec le Front National, lors des régionales de 1998.
Suite à un accord en bonne due forme, Blanc avait été élu président de la région Languedoc-Roussillon et avait géré la région avec l’extrême droite pendant toute la durée de la mandature, jusqu’en 2004.( voir Succès du Front National: quelles conséquences? )
Copé s’est aussi illustré par son amitié assumée et revendiquée avec l’affairiste Takhieddine; en revanche il déteste qu’on évoque ses conflits d’intérêts en tant qu’avocat d’affaires. Il a ainsi accusé Martin Hirsch, qui a relevé ce problème, d'être un délateur, en faisant référence à la dénonciation des Juifs pendant la Shoah (voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah. )
Les alliances avec le FN
Copé proclame qu’il n’y aura ni alliance ni négociation avec le FN mais il ajoute toujours qu’il n’est pas question non plus de "Front républicain". Cela signifie pratiquement qu’en cas de duel de 2e tour entre la gauche et le FN, Copé appelle au mieux à l’abstention et plus probablement au vote FN en raison de la radicalisation des militants UMP qu'il a lui-même provoquée. Cette position a déjà donné lieu à des polémiques dans l’UMP quand Bachelot et Fillon (à voix basse dans ce dernier cas) ont appelé à battre le FN dans un tel cas de figure.
En fait Copé prépare à terme une alliance en bonne et due forme, au niveau central avec le Front National, par exemple si celui-ci se présente sous une autre dénomination (voir 8 mai: l'adieu à Sarkozy? ). C’est pourquoi il ne veut surtout pas d’accords locaux qui déstabilisent et affaiblissent son propre parti. À l’inverse, Marine Le Pen cherche des accords locaux pour modifier ce rapport de forces.
Elle déclare ainsi : "Si discussions il doit y avoir, c'est à la base. Nous regarderons au cas par cas, notamment la sincérité du candidat UMP qui nous proposerait une telle entente. Je ne suis pas fermée, a priori, à ce type de discussions".
Face à cette situation, il est crucial que toute la gauche s’entende pour présenter une candidature unique dans tous les cas où elle risque d’être éliminée du 2e tour en cas de candidatures séparées.
C’est le minimum nécessaire pour entamer la bataille qui doit s’amplifier contre le bloc UMP/ FN.
MEMORIAL 98