Nous soutenons l'initiative du Collectif Van et demandons à nos lecteurs de relayer la lettre ouverte qui proteste contre l'accueil officiel d'Aliev, dictateur d'Azerbaïdjian; il est possible de l'envoyer à l'Elysée par courrier électronique (lien ci-dessous) . Le Collectif demander d'envoyer le message " sans le modifier et sans enlever notre signature, en ajoutant devant le titre, ces quelques mots : "Je souscris à ce courrier que vous envoie le Collectif VAN" (suivis de Nom et Prénom)."
MEMORIAL 98
LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Monsieur François Hollande
Président de la République
Palais de l’Élysée
75008 Paris - France
Monsieur le Président,
A partir du mardi 18 septembre 2012, la République Française accueille sur son sol le Président d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev. Pourtant, ce chef d’Etat indéboulonnable, dont la famille dirige le pays presque sans interruption depuis 1969, est désigné par Reporters sans Frontières comme un « prédateur ». En matière d’atteintes aux droits de l’homme, Aliev, sous des abords policés, n’a rien à envier, à feu Mouammar Kadhafi reçu par votre prédécesseur à l’Elysée.
Faisant fi de la répression féroce que le ‘roi’ de Bakou exerce à l’encontre des opposants azéris, la France choisit - et c’est inquiétant - d’honorer Ilham Aliev, autocrate auréolé de son or noir, alors même qu’il vient de violer avec cynisme tous les standards européens de justice dans une affaire qui a suscité la 'préoccupation' des principales diplomaties dont la nôtre.
Les faits parlent d’eux-mêmes : le militaire azéri Ramil Safarov, condamné à perpétuité en Hongrie pour avoir, en 2004, décapité de 16 coups de hache un officier arménien durant son sommeil lors d’un stage de l’OTAN à Budapest, a été transféré fin août en Azerbaïdjan pour y purger le reste de sa peine. Accueilli en héros dans son pays où il avait été élu ‘Homme de l’Année’ en 2006, l'assassin à la hache a été immédiatement gracié par Ilham Aliev. En récompense de son acte ‘patriotique’, il s’est aussi vu offrir un appartement, une promotion en grade et huit années de salaire. Bakou aurait acheté 3 milliards d’euros de dette hongroise pour récupérer ce meurtrier « désolé de n'avoir pas tué d'autres Arméniens ».
Monsieur le Président, nous ne pouvons que vous renvoyer aux propos de Michèle Rivasi, Députée européenne Europe-Ecologie, ce 13 septembre 2012 au Parlement européen: “Les droits de l’homme sont la première des motivations de l’UE dans sa politique étrangère, quel signal envoyons-nous alors aux dictatures en tout genre? Rachetez notre dette avec vos pétrodollars et on fermera les yeux?! C’est lamentable “. Une analyse que le MEDEF International qui reçoit M. Aliev le 19 septembre à Paris, devrait également méditer. Tout comme la Direction du Louvre qui a accepté de bonne grâce le million d’euros offert par l’Azerbaïdjan [sans contrepartie pour la France ?], et dédié aux nouvelles salles des Arts de l'Islam inaugurées cette semaine au Louvre à l’occasion de la visite du richissime couple Aliev.
La glorification du crime de Safarov et l’idéologie de la haine prônée par le clan Aliev illustrent l’impossibilité pour les Arméniens de la République du Haut-Karabagh de retourner sous le joug azéri. Voir son indépendance reconnue par les instances internationales est une nécessité vitale pour la RHK. La France, qui co-préside le Groupe de Minsk, se doit d’agir en ce sens car la volonté génocidaire panturquiste est toujours d’actualité. L'ancien ministre de l'Intérieur azéri, İsgandar Hamidov n’avait-il pas déclaré en 2006: « Plus les Azéris tueront d'Arméniens, moins d'Arméniens il restera. » ?
Tout comme son allié turc, l’Azerbaïdjan éduque sa population et sa diaspora dans la haine de ‘l’Arménien’. Par la négation du génocide de 1915, l’inversion de l’histoire, la dénonciation du faux génocide de Khojalou imputé aux Arméniens, Aliev fait des Arméniens les ‘véritables agresseurs’, et professe au plus haut niveau de l’Etat des ‘valeurs’ racistes en totale contradiction avec celles de notre République. Cette détestable politique peut avoir des répercussions sur la paix civile ici même, le dictateur azéri ayant déclaré en 2012 que « l'ennemi numéro un pour l'Azerbaïdjan, ce sont les Arméniens dans le monde entier ». C’est donc un message fâcheux qu’envoie notre pays en recevant un dirigeant qui désigne à une vindicte haineuse, des citoyens français porteurs de la douloureuse mémoire du génocide arménien.
Quant à ‘l’aide à la culture’, le mécénat de Bakou peut-il masquer l’anéantissement du patrimoine arménien d’Azerbaïdjan et du Nakhitchevan ? En 2005, l’Armée azérie a rasé le cimetière médiéval de Djoulfa où se dressaient des milliers de somptueuses croix de pierre ciselées (Khatchkars), symboles de l’art religieux arménien (vidéo). Ce génocide culturel rejoint la volonté d’extermination physique perceptible dans les propos de tous les officiels azéris. Parmi eux, l’actuel Consul Général d’Azerbaïdjan à Istanbul, Représentant permanent à l'Organisation de Coopération Economique de la Mer Noire (OCEMN), Hasan Zeynalov, qui avait déclaré en 2005 à la BBC: « Les Arméniens n'ont jamais vécu au Nakhitchevan qui a été une terre azerbaïdjanaise de temps immémorial, et c'est pourquoi il n'y a aucun cimetière ni monument arménien, car il n’y en a jamais eu ». Un point de vue relayé en France avec les pressions exercées à l’UNESCO pour une simple exposition-photos organisée en juin 2011 au siège de Paris.
Enfin, en favorisant -par une loi (!)- l’établissement en France d’un Centre culturel azéri, le gouvernement cautionne indirectement un négationnisme larvé, ou même clairement affiché. Tant que la politique servira presque exclusivement des intérêts économiques et financiers, l'Histoire continuera à bégayer : des Safarov, inspirés et encensés par des Aliev, accompliront l'innommable en toute impunité, pour détruire « ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».
Atteintes à la démocratie, au respect des droits de l’homme, à l’État de droit (Aliev a même fait voter en juin dernier une loi lui garantissant l'immunité à vie ainsi qu’à son épouse) : tout indique qu’il ne faut pas attendre le printemps azéri pour déclarer le dictateur Ilham Aliev persona non grata dans notre pays.
En vous remerciant de votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
Séta Papazian, Présidente
Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
BP 20083 - 92133 Issy-les-Moulineaux - France
Email: contact@collectifvan.org - www.collectifvan.org
MEMORIAL 98