Nous avons eu l’occasion de rencontrer des agents RATP ce jeudi 1 septembre, au moment où était annoncée l’affaire du tramway de Saint Denis utilisé lors de l’expulsion de Roms.
Ces salariés ont évoqué spontanément le souvenir de la rafle du Vel d’Hiv’ en juillet 1942, au cours de laquelle les autobus parisiens de la STCRP, l’entreprise qui a précédé la RATP, ont transporté les Juifs raflés.
( voir Mémoire: la rafle méconnue du 20 août 1941.
Ces salariés étaient choqués,vexés par ce retour d’une pratique qui pèse toujours sur l’histoire de l’entreprise et sur le métier qu’ils exercent Ils rappelaient qu’à l’époque comme aujourd’hui ce sont les autorités policières qui avaient ordonné cette participation des véhicules et des employés des transports en commun.Certains évoquaient aussi la responsabilité individuelle des conducteurs de bus ou de tramway face à des ordres de ce type.
Il faut d’ailleurs y ajouter une autre occasion dramatique. Lors de la manifestation des Algériens de Paris le 17 octobre 1961 et de la répression meurtrière qui la suivit, les autobus de la RATP furent aussi utilisés pour transporter les personnes arrêtées
Le syndicat Sud s'est indigné de l'utilisation d'une rame de la RATP. "Ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui ne sont pas forcément volontaires pour monter dans les tramways", a déclaré son délégué central, Ph. Touzet.
Il a souligné que la gare de Bobigny, terminus de cette ligne de tramway, avait justement joué un rôle central durant la Seconde Guerre mondiale dans la déportation vers les camps de la mort de 22.000 Juifs du camp de Drancy ; elle abrite aujourd'hui un mémorial
Ces agents de la Régie insistaient aussi sur les effets de la « décentralisation » et ses effets pervers : les responsables locaux sont transformés en potentats, se croyant tout permis, puisque chargés du titre de « manager ».
La direction de la RATP a d’ailleurs tenté de s’abriter derrière cette décentralisation pour s’exonérer de toute responsabilité dans cette affaire.
Le trio du sommet de l’Etat, Sarkozy, Hortefeux, Guéant qui a lancé l’offensive contre les Roms l’an dernier est en tout cas directement responsable des évènements de ces derniers jours (voir Pourquoi les Roms ? Décryptage
Tous dans la rue le 4 Septembre ).
Le ministère de l’Intérieur avait émis une circulaire appelant à organiser des rafles de Roms y compris des enfants et à les mettre en scène pour les médiatiser (voir link lien vers le journal qui a révélé la circulaire).
Face au tollé, la circulaire avait été atténuée, mais son esprit demeure manifestement.
Demeure aussi la mauvaise foi et la manipulation de ceux qui organisent la xénophobie d’Etat et utilisent l’exemple extrême de la Shoah pour relativiser la malfaisance de leur politique qui jour après jour, entraîne un développement du racisme et du rejet.
L’an dernier Sarkozy avait violemment attaqué la commissaire européenne Viviane Reding qui avait déclaré :
- « des personnes (les Roms) sont renvoyées d’un Etat membre uniquement parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la seconde guerre mondiale. ». Sarkozy avait alors prétendu que les” Juifs français” s’étaient sentis agressés par cette déclaration.
Cette fois ci c’est Guéant qui stigmatise les protestations et considère que: "…des propos comme ceux-là banalisent la Shoah et, finalement, encouragent au négationnisme".
Or nous avons montré qu’à plusieurs reprises c’est le président actuel et son entourage qui ont banalisé l’extermination des Juifs par les nazis en traçant des parallèles entre cette période et des problèmes de fiscalité ou en référence à leurs petites affaires personnelles de SMS.
(voir Sarkozy et la presse "collaborationniste": un recyclage
Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah
MEMORIAL 98