L’intégration de Philippe De Villiers à la majorité sarkozyste provoque des remous.
Celui dont la xénophobie et l’agitation contre les musulmans constituent le fonds de commerce fait mauvais effet, sauf aux yeux d'Eric Besson.
La LICRA, dirigée par P. Gaubert, ex-député européen membre de l’UMP, déclare ainsi : "Le discours politique de l'UMP ainsi que celui de la majorité présidentielle n'ont rien à gagner à l'arrivée du supplétif Philippe de Villiers, sauf à droitiser voire à extrême droitiser leurs propres discours.
C'est pour l'UMP cautionner a posteriori les propos intolérables et racistes de M. de Villiers"
L'organisation et son président rappellent que M. de Villiers fut "expulsé vigoureusement de la manifestation qu'elle organisait en février 2006 après l'assassinat d'Ilan Halimi alors que M. de Villiers tentait d'y imposer sa présence".
Face à cette fronde, l’UMP a trouvé un témoin de moralité en la personne du « jovial » Jean-Claude Gaudin. Selon lui, il n’y a aucun problème car atteste-il : « …M. de Villiers n'est pas de l'extrême droite. Il a toujours été très net vis-à-vis de Front national et nous aussi, par conséquent ça s'arrête là…".
Les communicants de l’UMP ont dû oublier de vérifier le pedigree du maire de Marseille.
Gaudin a en effet, dès 1986 et avant tous les autres, fait alliance avec le Front National pour être élu à la tête de la région PACA. Il a géré ensemble la région avec le parti d’extrême-droite jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales.(voir nos articles précédents Sarkozy, Gaudin, Estrosi: l'ombre du Front National et Des "collègues" du FN à la tête de l'UMP )
Cette gestion commune a servi de laboratoire et de "modèle" à d’autres dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords avec le FN lors des élections régionales d’avril 1998.
En 1998, le même Gaudin organisait la scission de l’UDF car ses instances de l’époque refusaient l’alliance avec le FN et créait le parti Démocratie Libérale avec notamment Madelin et Raffarin.
Gaudin a ensuite récupéré dans sa région de nombreux cadres et élus FN locaux, rebaptisés par lui « droite républicaine », sans avoir rien changé de leurs idées et de leurs pratiques.
Un des fleurons de ce recyclage fut Daniel Simonpieri, maire de Marignane qu'il avait conquis en 1995 sous la bannière FN, intégré à l'UMP par Gaudin en 2004, et dont il a imposé l’investiture au nom de l’UMP pour les municipales de 2008.
Le député UMP de la circonscription, E.Diard, a protesté et rappelé que Simonpieri avait inauguré dans sa ville une stèle en hommage aux généraux putschistes d'Algérie et aux membres de l’OAS.
Ses protestations n’ont pas pesé face au choix de Gaudin qui présidait aussi la commission nationale d’investiture de l’UMP. Diard a ensuite présenté une liste qui a largement devancé celle de Simonpieri.
Il ne s’agit pas d’histoire ancienne. La coopération électorale entre la droite et le FN a constitué une des racines de la légitimation de ce parti et de son irruption à la présidentielle d’avril 2002.
La campagne de Sarkozy en 2007 a prolongé cette entreprise d’intégration des thèmes d’exclusion portés par l’extrême-droite.
MEMORIAL 98