Sarkozy et Poutine ont surenchéri dans l’hommage rendu à Druon. Le premier avait cherché la caution gaulliste de l’ancien ministre en se rendant auprès de lui lors de la campagne électorale de 2007 (voir notre article Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon ).
Le bourreau du peuple tchétchène avait en 2006 nommé Druon à l'Académie russe des Sciences, au nom de son rôle « dans la formation chez les intellectuels français d'une image positive de la Russie ».
Apparaissant comme un symbole de la Résistance par sa participation à la composition du Chant des Partisans, Druon en était arrivé à cautionner l’attitude d’un Papon.
En effet, le 22 Novembre 1997 il est venu témoigner en faveur de Maurice Papon. Le très réactionnaire académicien avait scandalisé lors de l'audience en dénonçant la « passivité » des Juifs déportés. Il avait aussi mis en cause les parties civiles du procès, les accusant d'être les "alliés des fils des bourreaux" parce qu'ils mettaient en cause les autorités collaborationnistes françaises de l'époque et pas exclusivement les "Allemands", selon son expression.
Lors de son témoignage, Druon se livre à un plaidoyer en faveur de l'accusé et à une virulente critique du procès qui lui est fait : « Comment le juger devant un jury populaire lorsqu’un jury de 35 millions de personnes a élu par deux fois un homme décoré de la Francisque et médaillé de la Résistance ? ». Le nom de François Mitterrand n'est jamais prononcé.
Pendant la guerre, Maurice Druon était à Londres. Il affirme contre toute vraisemblance qu'avant le printemps 1945, on ne connaissait pas "la solution finale":
« si on avait su, il n'y aurait pas eu de préfets et de sous-préfets pour signer les ordres de déportation, il y aurait eu moins de Juifs passifs, attendant qu'on vienne les arrêter, cousant leur étoile jaune sur leur vêtement, ils ne seraient pas restés là à attendre comme des groggys offerts aux sacrificateurs ».
…Si on veut rechercher des coupables, en Allemagne, il y a assez d'anciens SS, de gestapistes à traduire devant la justice comme des lois européennes le permettent ». Il assure, en effet, que ce procès profitera seulement à l'Allemagne : « Si l'on se met à condamner un Français symbolique, il leur sera facile de dire : on est tous pareils, les Français sont aussi moches que nous, il y aura une dissolution de la responsabilité, de la culpabilité, c'est pour cela que je suis venu devant vous ».
Il ajoute :
« Il y a un paradoxe de voir les fils des victimes devenir les alliés objectifs des fils des bourreaux ». Un murmure d'indignation ponctue son propos, les parties civiles et leurs avocats protestent.
Maurice Papon a la parole en dernier. Il remercie Druon:
«...J'observe toujours une dérive pour engager le procès du général De Gaulle.Je partage la véhémence de Maurice Druon, je me sens en bonne compagnie ».
Lors des obsèques du cardinal Jean Marie Lustiger en Juillet 2007, l’Académie Française avait délégué Druon pour prendre la parole car le cardinal faisait partie de cette institution.
On retrouve dans son allocution des paroles ambiguës, lourdes de dérives, en rapport avec l'origine juive revendiquée de Lustiger.
Ainsi proclamait-il: « … Jean-Marie (Lustiger) était un prédestiné. Le problème juif, la foi juive, le comportement juif, la politique juive et à l’égard des juifs allaient être au centre de l’histoire du siècle, ici et partout… »
Il reprenait ainsi la grande théorie complotiste et antisémite attribuant aux Juifs ( "le comportement juif, la politique juive...") une volonté de domination mondiale
MEMORIAL 98