Non content de s'en prendre aux sans-papiers, le pouvoir veut criminaliser ceux qui, individuellement ou dans le cadre associatif, leur apportent aide et soutien, comme le montrent les deux cas récents que nous citons.
C'est pourquoi nous appelons à signer l'appel de juristes et juges intitulé "Nous aussi..." (ci- dessous) qui proteste contre ces poursuites et revendique l'accueil de personnes démunies.
Mémorial 98
Richard Moyon, un des responsables de RESF, a été interpellé aujourd'hui et amené au poste de police de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Il informait les passagers du vol Paris-Casablanca de 12h55 des conditions de l'expulsion de Ammar Amedjar: celui-ci serait entravé, menotté, bâillonné. Le journal Libération a entendu l'interpellation de ce responsable du Réseau Education sans frontières via le téléphone portable de l'intéressé.
Richard Moyon a été arrêté en vue d'une «vérification d'identité», en compagnie d'un autre membre de RESF. C'est la première fois, selon RESF, que la police répond ainsi à une information des passagers.Il a ensuite été libéré et sera convoqué devant la justice pour "distribution de tracts dans un lieu public".
Trois mois de prison avec sursis ont été requis le 19 Février par le Parquet de Bobigny contre André Barthélemy, membre de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) et président d'Agir ensemble pour les droits de l'Homme (AEDH), une ONG basée à Lyon.
Il s'était indigné des conditions de reconduite de deux Congolais en avril 2008 à bord d'un vol Air France Paris-Brazzaville Il a revendiqué un «réflexe d'indignation» et de «solidarité active» de «quelqu'un qui voit des gens souffrir»
André Barthélemy, 72 ans, et un autre passager du même vol ont comparu, pour «provocation directe à la rébellion» et «entrave volontaire à la navigation ou la circulation d'un aéronef», un délit passible de 5 ans de prison et 18.000 euros d'amende. Selon la police, il aurait crié «c'est inadmissible, une honte», «vous ne respectez pas les droits de l'homme», puis incité les passagers à la révolte. Le jugement sera rendu le 19 mars.
Le 16 avril 2008, les deux Congolais s'étaient opposés à leur reconduite à la frontière en criant que les liens les entravant leur faisaient mal et une grande partie des passagers s'étaient levés dans un mouvement d'humeur qualifié d'«émeute» par le procureur. Ils avaient été débarqués au bout d'une heure, ainsi que quatre passagers désignés par la police comme les fauteurs de trouble et placés en garde à vue. Seuls trois étaient poursuivis devant le tribunal.
Nous aussi....
Le 17 février dernier, un compagnon d'Emmaüs en situation irrégulière a été arrêté suite à une intervention des services de police dans les locaux de la communauté de la Pointe Rouge à Marseille.
Une telle arrestation va à l'encontre du principe d'accueil et de secours inconditionnel des personnes démunies quelle que soit leur situation.
Après avoir pris connaissance des investigations diligentées par la police au sein de la communauté d'Emmaüs de Marseille, nous, soussignés, reconnaissons avoir nous-mêmes priviligié l'accueil et le secours de personnes, fragilisées ou démunies, rencontrées à l'occasion de notre engagement professionnel, associatif ou militant, sans nous préoccuper au préalable de leur situation au regard de la loi.
Premiers signataires
Louis Bartolomei, Magistrat honoraire, ancien avocat général près la cour d'appel de Lyon, Chevalier
dans l'ordre national du mérite
Christian Bruschi, agrégé des facultés de droit, avocat au barreau de Marseille
Nicole Lorant, ancienne présidente de chambre de la cour administrative
d'appel de Lyon
François Berger, magistrat honoraire, ancien président de chambre au tribunal
de grande instance de Lyon
Christine Francou épouse Bartolomei, juge des enfants, vice présidente au tribunal de grande instance de Marseille
Pour signer cette pétition cliquez sur ce lien http://placeauxdroits.net/petition2/?petition=16
Contact : nousaussi@placeauxdroits.net
MEMORIAL 98