"2008 sera une année dure et exigeante", a affirmé Nicolas Sarkozy lors de ses vœux à l'Elysée.
Sarkozy est en difficulté sur le plan social, car ses promesses sur le « pouvoir d’achat » montrent leur vacuité et leur caractère mensonger.
Face à la chute de sa popularité, il a recours à sa ressource préférée, au thème fétiche qui lui a ouvert les portes du pouvoir: la démagogie sécuritaire et xénophobe.
Un exemple parmi tant d’autres: la mise en scène des vœux avec les cheminots et agents RATP dont il vient de détruire le régime particulier de retraite et qu’il " cajole" dans le domaine de la sécurité.
De même, le seul regret exprimé par Sarkozy lors de sa conférence de presse élyséenne du 8 janvier a porté sur le nombre insuffisant d’expulsions d’étrangers. 25000 personnes doivent être expulsées, pas une de moins!
Il faut donc s’attendre à voir beaucoup de déploiements policiers, de rafles et d’expulsions avant les municipales et au delà, à mesure qu’apparaîtront les fissures de la politique anti-sociale du président.
Ce recours était assumé et annoncé depuis plusieurs années. La récupération de l’ électorat du Front national a été considérée comme la clef de l’élection présidentielle (voir notre article précédent Sarkozy-Le Pen: le livre qui révèle )
Un nouveau livre, issu du sérail, témoigne à nouveau de cette préparation méthodique.
Extraits du livre « Les hommes d’Etat » de Bruno Lemaire ex directeur de cabinet de Villepin qui retrace le déroulement de la période 2006/2007, vu de l'intérieur du gouvernement.
9 mai 2006 [Petit déjeuner de la majorité à Matignon. Nicolas Sarkozy intervient.] … il croise le regard de Dominique de Villepin : «Moi, je sais pas, la seule chose que je dis, c'est qu'il faut faire de la politique. Et pour faire de la politique, il faut cliver. On a le texte sur l'immigration: je dis pas qu'il est parfait, mais au moins on clive, les socialistes sont mal à l'aise. Et puis on a la prévention de la délinquance: je dis pas que c'est bien ou pas, la prévention de la délinquance, je dis que les Français attendent ça, ils veulent qu'on soit ferme, et ils voient que les socialistes sont mal à l'aise. Alors qu'est-ce qu'on attend? C'est que du bonheur, ça!»
13 juin 2006 [En présence de Bruno Le Maire et de Claude Guéant, Dominique de Villepin reçoit à déjeuner Nicolas Sarkozy, qui fait le point sur la situation politique.] «Le Pen, en ce moment, il engrange. Il engrange un maximum. Moi, je dis jamais du mal des électeurs de Le Pen, jamais. Les électeurs de Le Pen, je dis toujours que c'est des victimes. Des victimes de quoi? J'en sais rien. Mais c'est des victimes. Pour nous, l'élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd.»
Dans cette entreprise Sarkozy s’appuie aussi sur les aspects les plus rétrogrades du catholicisme. Celui qui déclare : "Je suis de culture catholique, de tradition catholique, de confession catholique. Même si ma pratique religieuse est épisodique, je me reconnais comme membre de l’Eglise catholique »( NS dans son livre de 2004 : la République, les religions, l’espérance) met en scène à Rome sa vision des racines chrétiennes et en fait uniquement catholiques de la France.
Face à un pape nostalgique de l’ordre ancien et qui fut membre des jeunesses hitlériennes(voir notre article précédent Benoît XVI appuye les intégristes antisémites en France ) le président d’une République laïque fixe comme horizon de l’espérance la seule croyance religieuse.
Pour alourdir la symbolique nationaliste de ce voyage au Vatican, Sarkozy s'est fait accompagner de Max Gallo. Ce nouveau chantre de la papauté est aussi le héraut de l’ « identité française » dont il détaille sa conception : « j’assume Thiers, Céline et Brasillach »(ce dernier fasciste, collaborateur des nazis et délateur fut condamné à mort à la Libération pour « intelligence avec l’ennemi », tandis que Céline, hitlérien convaincu et dénonciateur nominal de Juifs et de résistants, échappa à toute sanction)
Mémorial 98