Déportation des Juifs: scandale à Anvers
Le maire socialiste d'Anvers, Patrick Janssens, s'est excusé dimanche 28 octobre, au nom du conseil municipal, pour l'implication de l'administration communale anversoise dans la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier lors dans les trois rafles de 1942 qui avaient abouti à la déportation vers Auschwitz de 1200 citoyens juifs (voir Dossier Belgique:l'Etat belge a aidé à déporter les Juifs )
M. Janssens a délivré son message lors d'une réunion du Forum des organisations juives consacrée aux enfants de la Shoah. Ce geste, longtemps attendu, a été unanimement salué.
Sauf par Bart De Wever, dirigeant du parti séparatiste Nouvelle Alliance flamande (N-VA), formation étroitement liée au chrétien démocrate flamand Yves Leterme, chargé de former le prochain gouvernement belge.
Dès le lendemain de la déclaration du maire, Bart De Wever, Président du parti N-VA qui est aussi conseiller communal à Anvers ( et maintenant maire d'Anvers depuis janvier 2013 NDLR), a réagi aux propos du maire.
Il a qualifié ces excuses de gratuites, et ayant pour seul objectif de combattre le parti radical flamand Vlaams Belang qui réalise 30% de voix à Anvers. Selon lui, Anvers « n'a pas organisé la déportation des juifs, elle fut victime de l'occupation nazie. Les responsables anversois devaient prendre des décisions. Les attaquer ne me parait pas très courageux ».
Mais Bart De Wever ne s’arrête pas là. Il s'en est pris à la communauté juive et a déclaré que « le droit de mémoire de l'Holocauste ne doit pas occulter l'occupation par Israël des territoires palestiniens ».
Le formateur pressenti du nouveau gouvernement Yves Leterme, démocrate-chrétien flamand et allié électoral de la N-VA, a préféré courageusement s'abstenir de tout commentaire pour ne pas déplaire à son allié.
Bart De Wever a finalement présenté ses excuses à la communauté juive. Il a dit regretter d'avoir blessé qui que ce soit. Et à expliqué ainsi la teneur de ses propos: "J'ai simplement voulu dire que tout Anvers n'avait pas collaboré avec les nazis, et qu'il était facile de demander pardon 65 ans après les faits."
La communauté juive a déclaré prendre bonne note de ses excuses. Mais le malaise persiste. D'autant que De Wever n'en est pas à son coup d'essai. En 2001 déjà, il comparait l'antifascisme à une hystérie morale, produit de « l'usine à mensonge communiste ».
Son parti souhaite aussi réduire les compétences du « centre pour l'égalité des chances » qui constitue l'organisme officiel anti-racisme et anti-discrimination en Belgique, comme Blocher en Suisse qui veut faire supprimer la norme anti-raciste de ce pays (voir Blocher: un xénophobe triomphe en Suisse )
Les nationalistes flamands et leurs vieux démons.
Cette affaire pose la question de la présence même de ce parti dans un gouvernement fédéral. La N-VA est née des cendres du parti nationaliste flamand Volksunie. Son discours officiel préconise la séparation de la Flandre dans un cadre démocratique.
Mais la N-VA est toujours restée très floue sur les rapports des nationalistes flamands avec les nazis durant la deuxième guerre mondiale. Son président actuel De Wewer, auteur des propos scandaleux, est issu d'une famille poursuivie après la guerre pour collaboration. Son grand-père était membre du parti VNV, le « Vlaams national verbond ». Ce parti préconisait, avant et pendant la seconde guerre mondiale, la création d'un état indépendant flamand et ce avec l'aide et la complicité des nazis dont il épousait l'idéologie, en particulier l'antisémitisme.
Loin d’une quelconque repentance, la droite radicale flamande, à l’instar de ses correspondants européens, persiste dans son antisémitisme entremêlé de négationnisme.
MEMORIAL 98