Hitler ouvre les JO de Berlin en août 1936
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L'opération nazie pour contrecarrer le boycott.
Le 4 août 1935, Pierre de Coubertin, fondateur de l'olympisme moderne, président d’honneur à vie du CIO, qui admirait « intensément » Hitler déclare à la radio française:
"J'ai l'impression que toute l'Allemagne, depuis son chef jusqu'au plus humble de ses écoliers, souhaite ardemment que la célébration de 1936 soit l'une des plus belles que le monde ait vu. Dans une année, les cloches de Pâques auront annoncé la prochaine entrée dans le stade de Berlin des athlètes venus de tous les coins du monde."
Mais à ce moment, un an avant la date prévue des J.O. tout ne se présente pas aussi bien que Pierre de Coubertin le dit.
Les appels au boycott se multiplient notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Pour Hitler comme pour le CIO, ces jeux doivent être une réussite.
Il faut pour cela qu’Hitler accepte d’intégrer des Juifs dans l’équipe olympique allemande. La Charte olympique, qui interdit l’éviction d’athlètes pour des raisons raciales, religieuses ou d’opinion, doit être respectée.
Or le 15 septembre 1935, les lois anti-juives de Nuremberg sont adoptées et excluent les Juifs de toute présence dans la société allemande.
Les Jeux sont donc en péril. Charles Sherrill, un ancien ambassadeur américain et soutien d’Hitler, rencontre le chef nazi et lui explique comment procéder:
"Ne prenez ne serait-ce qu’un seul Juif, un demi-juif suffirait…"
Coup de théâtre, dès le lendemain, le 21 septembre, Hans von Tschammer und Osten, responsable des Sports du Reich, envoie une lettre à la fleurettiste Hélène Mayer, championne olympique et double championne du monde. Seul son père est juif, mais selon les lois raciales de Nuremberg elle est considérée comme juive. Il s’agit de la convoquer pour les J.O. de Berlin. Hélène Mayer accepte. Sans se rendre compte de la portée de son geste, elle offre à Hitler les Jeux dont il rêvait.
Les appels au boycott continuent mais ils sont dorénavant balayés d’un revers de la main par Baillet-Latour, président du CIO :
"La campagne du boycottage n’est donc que politique, basée sur des affirmations gratuites"
Dès lors les JO d'hiver puis d'été peuvent se dérouler sans encombre et le 1er août 1936, Adolf Hitler ouvre les Jeux de Berlin.
La complaisance envers le nazisme trouve une expression particulière dès les Jeux Olympiques d’hiver de 1936, qui eurent lieu du 6 au 16 février de cette année, dans la ville allemande de Garmisch-Partenkirchen.
Ces Jeux, désirés par Hitler, arrivé au pouvoir trois ans auparavant (1933), furent organisés, afin de lui servir de vitrine, par Goebbels, ministre de la Propagande du Troisième Reich. C'est le belge Henri de Baillet-Latour, antisémite notoire, qui était alors le président, depuis 1925, du Comité international olympique (CIO).
Un célèbre cliché photographique le montre entouré, lors de la cérémonie d’ouverture de ces Jeux d’hiver de 1936, de Adolf Hitler et de Rudolf Hess, dauphin du Führer. Lorsque Baillet-Latour mourut en 1942, Hitler lui fit envoyer, portées par une garde d’honneur composée de soldats allemands, plusieurs couronnes de fleurs, dont une en son nom personnel et une aux couleurs du Troisième Reich, le tout assorti de rubans à croix gammées.
Et puis il y eut à Berlin 1936, du 1er au 16 août les "Jeux de la honte".
Le fondateur de l'olympisme moderne, président d’honneur à vie du CIO, Pierre de Coubertin, qui comme nous l'avons indiqué, admirait « intensément » Hitler, fut plus dithyrambique encore à leur égard en déclarant: « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir. (…). Cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’elles (les Olympiades) ont connu ! »
Hitler, qui n’en demandait pas tant pour vanter son régime aux yeux du monde, le proposa, pour le remercier, comme lauréat du prix Nobel de la paix, ce que à quoi l’Académie d’Oslo se refusa d’acquiescer.
Il existe aussi, à ce sujet, une photo, tout aussi compromettante, reproduite ci-dessus, de la cérémonie d’ouverture des JO de Berlin en 1936, où l’on voit Hitler, arborant la croix gammée, saluer le drapeau olympique en faisant le salut nazi.
C'est lors de la même année 1936 que les premières persécutions antisémites apparaîtront au grand jour en Allemagne.
Pas moins de 114 lois anti-juives y seront édictées pendant le seule période s’étalant entre les Jeux Olympiques d’hiver, à Garmisch-Partenkirchen, et ceux d’été, à Berlin, tandis que tous les athlètes juifs de l’équipe nationale allemande en furent exclus, sauf dans le cas de l'escrimeuse qui servit de caution malgré elle.
Le 16 juillet 1936, deux semaines avant l’ouverture de ces JO d’été, 800 Tziganes et Roms résidant à Berlin furent arrêtés lors d’une rafle orchestrée par la police allemande, puis internés dans un camp sous la garde des SS de Himmler.
Ce fut là le premier camp de concentration de l’histoire nazie , spécialement aménagé à cet effet, celui de Marzahn, quartier situé dans l’est de Berlin. La plupart de ces prisonniers n’en sortirent plus jamais et beaucoup y furent exécutés sommairement, .
Sur ce premier massacre racial commis par le Troisième Reich, en plein Jeux Olympiques, ni le président du CIO, Henri de Baillet-Latour, ni son président d’honneur, Pierre de Coubertin, ne pipèrent mot, le couvrant ainsi du haut de leur prestige international
Pire encore, le président du Comité National Olympique Américain d’alors, Avery Brundage, antisémite chevronné, nazi convaincu et membre actif de deux associations ultra racistes outre-Atlantique, toutes deux proches du « Ku Klux Klan », convainquit les États-Unis d’Amérique de ne pas boycotter ces Jeux de Berlin, sous prétexte que « les Juifs étaient bien traités par le Reich »,
Brundage, disciple d’Hitler et que Göring recevait régulièrement en grande pompe, fut nommé, en 1952, président du CIO, puis, en 1972, « président d’honneur à vie » lui aussi.
Il existe là encore une photo de l’entrée triomphale d’Adolf Hitler, entouré des principaux membres du CIO, lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Berlin.
Une autre date marquante est le 18 novembre 1936, à peine trois mois après la clôture des Jeux de Berlin.
C’est ce jour-là, en effet, qu’eut lieu le départ des aviateurs allemands de la légion « Condor », unité de la « Luftwaffe » alors placée sous les ordres de Göring, pour aller combattre en Espagne, contre les républicains, aux côtés des fascistes de Franco.
Au premier rang de ceux-ci émergeait alors, un certain Juan Antonio Samaranch, qui militait déjà, en ce temps-là, dans les rangs des pro-hitlériennes « Phalange Espagnole Traditionnaliste » (FET) et autres « Juntes Offensives National-Syndicalistes (JONS). Après avoir été nommé par Franco lui-même, en 1967, « Secrétaire aux Sports » dans le gouvernement espagnol (lequel favorisa de grands criminels nazis) il deviendra de 1980 à 2001, le nouvel et inamovible président du même CIO.
Les JO de 1936 ne constituent pas le seul scandale de ce type.
Beaucoup d'autres compétitions se sont tenues alors que résonnaient les cris des victimes d'une dictature qui les organisaient et en en tiraient profit. Cela montre à quel point les structures de direction du sport-spectacle et du sport-business s’accommodent et de la collaboration avec les pires régimes et Le sport, transformé en exaltation du nationalisme et source de profit, devient ainsi un rouage de la barbarie. .
Memorial 98
25 mars 2020: une non-annulation oubliée.
L'annulation des Jeux Olympiques de Tokyo en raison de la pandémie du coronavirus rappelle les précédents en la matière. On insiste sur les suspensions en temps de guerre, dont 1940 et 1944. En revanche le maintien de 1936 à Berlin sous le régime nazi est "oubliée" . La tâche indélébile demeure pourtant pour le CIO et tous ceux qui ont fait pression dans ce sens dont Pierre de Coubertin.
Memorial 98
Mise à jour du 1er août 2017
Alors que s'annonce la tenue des Jeux Olympiques de 2024 à Paris, la mémoire de ceux de 1936 ouverts par Hitler à Berlin le 1er août est toujours présente. Leur organisation fut le fruit des manoeuvres de Pierre de Coubertin, qui admirait "intensément " Hitler (voir ci-dessous) et du Comité Olympique (CIO). Ce dernier n'a jamais présenté d'excuses pour ces Jeux offerts aux nazis; l'exigence en demeure donc, pleine et entière.
MEMORIAL 98
Actualisation du 23 aout 2016
Des moments forts dans le documentaire d'Arte ci-dessous, notamment: L'omniprésence de la propagande visuelle nazie par la répétition du salut hitlérien et la saturation de l'espace par les bannières et drapeaux frappés de la croix gammée
La mise en avant par les nazis de la délégation de Grèce et d'un vainqueur grec du marathon, afin d'imposer une continuité avec la Grèce antique. Quelques années plus tard les nazis dévasteront littéralement ce même pays et y feront des centaines de milliers de morts
L'attitude plus que douteuse de la délégation française: à la minute 53' on voit distinctement qu'elle défile au pas, bras tendu, en faisant le salut dit "romain", c'est à dire le salut fasciste. Elle est la seule dans ce cas, avec évidemment les délégations allemandes et italiennes.
A voir sur Arte Pluzz
Actualisation du 22 août 2016
Berlin 1936
Présentation par Arte:
"Lors de l'été 1936, les Jeux Olympiques de Berlin offrent au monde l'image d'une Allemagne ouverte et pacifique. . Et le maître de ce pays de cocagne, Adolf Hitler, n'était finalement qu'un despote éclairé, pacifique... Pendant les quinze jours qu'ont duré les Jeux olympiques de Berlin, l'Allemagne nazie a tout fait pour présenter cette image au monde. Elle y est parvenue. CIO, gouvernants, public : tous sont tombés sous le charme maléfique de ces Jeux. Aujourd'hui, le triomphe de l'athlète noir Jesse Owens (quatre médailles d'or) semble consacrer la victoire du sport et de l'idéal olympique. Mais cette belle histoire n'est qu'un arrangement avec la réalité... Les Jeux de Berlin ne furent qu'un instrument décisif dans la prise de contrôle de la société par le parti national-socialiste, offrant en même temps une vitrine grandiose pour la reconnaissance internationale de l'Allemagne nazie.
Opération de propagande
S'appuyant sur de nombreux films amateurs inédits, des extraits du film Olympia (Les dieux du stade) de Leni Riefenstahl ou des archives d'actualités officielles, le passionnant film de Jérôme Prieur décrypte cette gigantesque opération de propagande commencée dès 1933. Il retrace en détail la préparation, l'orchestration et la mise en scène d'un spectacle qui fut bien moins sportif que politique "
Actualisation du 15 aout 2016
Pierre de Coubertin conclut le discours de la cérémonie de clôture des Jeux de Berlin en prononçant ces mots: « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir... »
Pour cacher les traces de l'antisémitisme nazi, les panneaux antisémites, fort nombreux dans Berlin, furent provisoirement enlevés et les journaux mirent un bémol à leurs attaques dans ce domaine. De cette façon, le régime exploita les Jeux olympiques pour fournir aux spectateurs et aux journalistes étrangers une fausse image d’une Allemagne pacifique et tolérante
La flamme elle-même est née en Grèce, au sanctuaire d’Olympie, où elle brûlait sans discontinuer sur l’autel de la déesse Hestia.
Mais l'idée de faire parcourir différents pays à la torche a germé dans la tête de Carl Diem, secrétaire général du comité d’organisation des Jeux de Berlin, en 1936.
Hitler et Goebbels ont tout de suite adhéré à l’idée. Car commencer le relais en Grèce et le terminer environ 2.400 kilomètres plus loin, à Berlin, renforçait l’idée d’un héritage aryen entre l’ancien monde d'Athènes et le nouveau pouvoir. Cela faisait également allusion à la conception d’Hitler d’une progression naturelle et civilisationnelle entre l’empire grec, romain et allemand.
La cérémonie actuelle n’a plus la même signification mais elle porte dans sa forme le fondement propagandiste du régime nazi, des costumes au code à respecter scrupuleusement.
Memorial 98