« Les conditions de la guerre permettent seulement de voir la face sombre de ce qu'il se passe. Mais il y a une face lumineuse et incroyable à tout cela. Ce sont les gens, les femmes et les hommes qui agissent en silence sur le terrain pour réaliser leurs rêves de liberté et de justice, améliorer le quotidien pour que rien - pas même nos plus de 100 000 morts ( NDLR: depuis le nombre de morts dépasse les 250 000) ou le difficile siège ou la trahison de la communauté internationale - ne puisse jamais annihiler la volonté du peuple qui a un rêve et une foi en l'avenir. J'exprime mon grand respect à toutes ces courageuses personnes. Continuons à travailler ensemble pour rendre leur vie plus supportable et rendre leur rêve plus accessible. Merci à tous de me donner l'opportunité de faire entendre mon message. »
Ces mots sont ceux du dernier message de Razan Zaitouneh, combattante syrienne des droits humains et de la démocratie, opposante à la dictature, enlevée par un groupe armé en 2013, alors qu'elle avait décidé ne pas quitter le pays, malgré la traque des bourreaux du régime et celle des groupes terroristes qui lui avaient publiquement donné le choix entre l'exil ou la mort.
Ces mots, universels d'espoir, d'amour et de résistance, nous les reprenons et les dédions à toutes les victimes de la terreur sanglante qui a frappé hier et à leurs proches.
Et aussi à toutes celles et ceux qui ont peur et qui ont mal. Et à toutes celles et ceux qui, malgré la peur et la douleur, gardent haut le flambeau de la liberté, de l'égalité, de la fraternité, à celles et ceux qui ne renonceront à aucun de leurs combats pour les droits humains.
Nous savons ce que veulent les terroristes, pas seulement nous tuer physiquement, mais aussi et surtout tuer en nous, les valeurs du progressisme et de la raison, faire de nous, par la terreur, des doubles pétris de haine qui fassent écho à leur propre haine et renforcent sa puissance.
Antiracistes, nous savons bien qu'ils ont ici des alliés précieux parmi les charognards racistes, antisémites, négationnistes, de toutes obédiences, de toutes confessions, qui n'ont pas attendu la fin d'une nuit d'horreur pour répandre encore plus de ténèbres, qu'il s'agisse de diffuser les rumeurs conspirationnistes ou l'appel à la violence islamophobe.
Les révoltéEs syriennEs, pris sous les feux de toutes les barbaries, décimés par la dictature et par Daech nous apprennent pourtant chaque jour que nous n'avons pas à choisir entre la peste et le choléra, mais que le chemin de la liberté et de la fraternité humaine, aussi étroit soit-il, est toujours possible.
Que les antiracistes persévèrent, sereinement, car aujourd'hui, plus que jamais, nos voix comptent face aux diatribes de haines qui défigurent le monde et l'ensanglantent.
Paris le 14 novembre 2015
MEMORIAL 98